La formation est une des missions majeures de l’université. Elle est pourtant, depuis huit ans, devenue une variable d’ajustement financier de notre université, comme en témoignent les objectifs du Plan de retour à l’équilibre financier (PREF) de 2017 ou encore les différentes lettres de cadrage des deux dernières campagnes d’accréditation. Le bilan de cette politique en matière de formation est lourd : affaiblissement ou fermeture complète de certaines formations, diminution des volumes horaires (licences, licence pro, Master), enseignements passés quasi-intégralement sur plateforme ou à distance...
Au-delà de cette politique d’austérité, la mise en œuvre des grandes réformes de ces dernières années – la loi ORE, la réforme des études de Santé, de la formation des enseignants ou du Bachelor universitaire de technologie – a été menée de façon catastrophique : absence de concertation, sentiment d’aléatoire ou d’arbitraire quant aux choix de cadrage, incapacité à faire travailler ensemble composantes et collègues, calendriers de mise en œuvre intenables, non-respect des instances...
Comme en matière de recherche et de gouvernement de l’établissement, nous proposons un changement radical de politique et de méthode en matière de formation.
Pour une offre de formation qualitative et adaptée aux enjeux
Une université au service de ses usagers et donc de ses étudiants se doit de leur fournir une offre de formation de qualité. Nos formations doivent être construites pour leur permettre la poursuite d’études qu’ils souhaitent, l’obtention du concours qu’ils ciblent, du stage ou du poste auquel ils aspirent. C’est pourquoi nous souhaitons que, dès 2024, l’ensemble des formations puissent revoir leurs maquettes de formation, construites dans des conditions déplorables sur la base du cadrage de la présidence actuelle.
Pour les futures accréditations, nous changerons la méthode mise en place précédemment, consistant en un pilotage des formations par le haut basé sur des indicateurs (H/E par exemple) réalisé par des décisionnaires méconnaissant les formations, leurs spécificités et leurs exigences. Nous allègerons le cadrage des formations au minimum légal, nous restaurerons la confiance des porteurs de formations et des équipes pédagogiques et nous les laisserons proposer une offre de formation qualitative, adaptée aux enjeux de leur discipline, au niveau local, national et international.
En anticipant mieux ces échéances importantes, nous mettrons en place un calendrier de travail humainement tenable et permettant des débats constructifs et éclairés.
Mieux accompagner les porteurs de formations et les équipes pédagogiques dans leur mission
Les porteurs de formations jouent un rôle clef dans l’organisation et la mise en œuvre de l’offre de formation. Ils sont le lien entre les usagers (les étudiants), les services administratifs (scolarité) et les équipes pédagogiques. Ils ne doivent pas être vus comme des exécutants de la politique de formation de l’URCA, mais bien être au cœur des décisions concernant l’offre de formation et sa mise en œuvre. Ils doivent également bénéficier du soutien administratif permettant l’accomplissement des tâches qui ne leur incombent pas (remplissage d’ORéOF, par exemple). Nous proposerons la mise en place de groupes de travail comme préalable à toute nouvelle procédure et proposons la création d’une « conférence des responsables de formations » pour leur permettre d’échanger et de débattre sur les difficultés et les besoins dans les formations.
Au-delà d’un fonctionnement plus démocratique et plus collégial, les porteurs de formations doivent aussi être accompagnés dans la gestion de leur formation, disposer d’éléments fiables et précis leur permettant d’autoévaluer (données, statistiques) et de piloter leur formation (personnels administratifs, outils de gestion, système d’information). Nous proposons la création d’un vrai service d’aide au pilotage et à la gestion des formations. Au cours de la dernière accréditation, l’absence d’accompagnement et de données fiables relatives aux formations (insertion, réussite, évaluation de la qualité des enseignements…) a d’ailleurs été soulignée par les collègues dans leur rapport d’auto-évaluation et confirmée par l’HCERES (Rapport d’évaluation du bilan du 1er cycle, page 12). Ce service permettra de redonner du sens à la mission de responsable de formation et aux processus d’autoévaluation et d’accréditation qui doivent permettre de faire un bilan exhaustif et objectif, et de proposer des changements à opérer pour rendre les formations plus qualitatives. L’objectif est aussi de permettre aux instances (départements, conseils de gestion) de réaliser les arbitrages nécessaires en matière de formation, en se fondant sur des données factuelles et fiables.
Formation continue, alternance et internationalisation
Au cours des dernières années, le développement de la formation continue et de l’alternance a permis de générer des retombées financières substantielles pour les composantes et l’université, mais il a aussi permis d’établir de nouveaux partenariats bénéfiques à nos étudiants et à nos structures de recherches. Nous souhaitons continuer à accompagner cette dynamique et notamment les collègues ou départements qui souhaiteraient développer ces formations « tout au long de la vie » ou la transition vers l’alternance.
L’internationalisation des formations demandée par l’HCERES ne se décrète pas : elle se prépare et s’accompagne. Nous pensons que ce processus d’internationalisation de nos formations doit se faire progressivement en créant une véritable dynamique au sein des formations et des équipes pédagogiques qui souhaitent engager cette transition. À l’image de la recherche, nous demanderons la mise en place d’un service d’aide à l’internationalisation des formations qui aura la charge d’étudier les thématiques susceptibles d’attirer les étudiants étrangers, d’accompagner les formations et leurs équipes pédagogiques vers cette transition et enfin, très important, de promouvoir ces formations à l’étranger pour attirer des étudiants.
Innovation pédagogique
Les étudiants, leur compréhension et leurs méthodes d’apprentissages évoluent. Les nouvelles approches pédagogiques ou l’innovation pédagogique doivent permettre de s’adapter à ces changements. Ces nouvelles approches pédagogiques ne doivent plus être utilisées dans le but de compenser les non remplacements d'enseignants, réduire les coûts des formations ou encore faire travailler encore plus les collègues sans les rémunérer comme cela a pu être le cas au cours des dernières années à l’URCA. Elles doivent constituer un moyen d’enrichir les formations existantes ou de proposer des solutions alternatives d’enseignement pour des situations spécifiques (Handicap, sportifs de haut niveau, étudiants salariés, par exemple). Il faut donner des garanties aux collègues sur la finalité de ces nouvelles approches et leur permettre, dans le respect de la liberté des choix pédagogiques, d’innover ou de créer des ressources utiles à leur formation et à leurs étudiant.e.s. Cela passe par la promotion auprès des collègues du CRCT pédagogie mais aussi par la reconnaissance, dans leur service d’enseignement, du développement de certaines ressources pédagogiques substantielles et qualitatives.
À l’image de la recherche, nous proposons la mise en place de petits appels à projet internes liés à la pédagogie (Appels à projets pédagogie innovante), le maintien des moyens humains au travers du Pôle Ingénierie Pédagogique et Production Audiovisuelle (ex-Service des Usages Numériques), un accompagnement et un encouragement à répondre aux différents appels à projets nationaux (AMI pédagogie, par exemple).
Il faut aussi permettre aux collègues de se former et de découvrir les nouvelles approches pédagogiques, en mettant en place de l’animation autour de la pédagogie : conférences de collègues d’autres universités pionnières dans ces domaines, organisation de journées ou congrès liés à ces thématiques (journée de l’innovation pédagogique, par exemple).
Enfin, la mise en place d’une cellule de valorisation de la pédagogie permettra aux collègues, qui aiment consacrer beaucoup de leur temps et d’énergie à ces aspects, de valoriser leur travail à travers des ouvrages, des publications, ou de participer à des congrès nationaux ou internationaux, et ainsi d’améliorer la visibilité de l’URCA dans ces domaines.
Organiser et structurer la communication autour de l’offre de formation
La communication sur l’offre de formation est le parent pauvre de la communication de l’URCA depuis plusieurs années. Celle-ci est souvent dépendante de l’implication du responsable de formation. En dehors des forums habituels, peu de choses sont faites et peu de moyens humains sont mis en œuvre en termes de communication sur nos formations. Les responsables de formations sont souvent livrés à eux-mêmes, devant conduire seuls les opérations de promotion, sans moyens.
Nous proposons de mettre en place au sein du service communication de l’URCA une cellule spécialisée dans la promotion des formations initiales et continues comme de l’alternance.
A l’image du projet AILES à destination des lycéens, nous souhaitons également permettre dans chaque formation (Licence Pro, Masters, BUT) la mise en place d’étudiants ambassadeurs pour promouvoir les formations dans d’autres établissements que l’URCA, pour répondre aux questions des futurs étudiants et de leurs parents dans les salons, JPO et forums.
Améliorer la prise en compte du Handicap
La prise en compte de toutes les formes de handicap doit être amplifiée dans l’ensemble de nos formations. Nous veillerons au maintien d’un service de la mission handicap mais qui devra être suffisamment dimensionné et qui travaillera en concertation avec les scolarités et les responsables de formations.
Au-delà des aménagements d’études et d’examens pour nos étudiants, nous demanderons la mise en place de formations à destination des enseignants afin de les sensibiliser aux problématiques et contraintes des différents handicaps, et ainsi leur permettre de pouvoir proposer des supports de cours ou d’enseignements adaptés.